Né vers 1943 à Podor, Senegal, fils d’un marabout, Oumar Ly fréquente pendant sept ans à l’école coranique. Sa scolarité primaire est écourtée et, à partir de l’âge de 14 ans, il aide ses frères à cultiver le potager et le verger de la famille. Il vend ainsi des légumes aux militaires français installés à Podor, lorsqu’un jour, près du port Faidherbe, un inconnu le photographie avec sa salade. Le jeune Oumar découvre alors avec fascination cette nouvelle technique, économise et se procure bientôt dans la boutique Maurel et Prom un petit appareil Kodak d’occasion. Cependant, faute de matériel de développement, il doit envoyer ses pellicules à Saint-Louis par courrier postal.
Après quelques tâtonnements et avec l’aide d’un voisin, Oumar Ly acquiert les rudiments de la photographie. Des studios existaient déjà à Saint-Louis et à Dakar où le jeune homme avait effectué son service militaire et où des pionniers de la photographie tels que Mama Casset étaient déjà très prisés, mais il est le premier à en ouvrir un à Podor en 1963, le Thiofy Studio, situé à l’angle du marché principal et où il exerce toujours son métier. Or, depuis l’indépendance, en 1960, les Sénégalais ont besoin de photos pour leurs cartes d’identité. Ces nouvelles dispositions sont profitables à Oumar Ly qui accompagne les officiels dans les villages de brousse. Avec des boubous et des couvertures tendus à bout de bras par des enfants, il improvise les fonds neutres requis par l’administration. À Podor il enrichit de décors typés ou insolites – une plage bordée de cocotiers, La Mecque, un Boeing 747 – son studio, qui devient bientôt un endroit à la mode où l’on écoute ensemble les derniers microsillons. Les affaires d’Oumar Ly sont alors très prospères.
Cependant, à partir des années 1980, ses activités font les frais de l’arrivée de la couleur – qu’il ne maîtrise pas –, de l’installation des premières cabines Photomaton à Podor, du développement des grands laboratoires dans la capitale et finalement de l’essor des appareils numériques. La région de Podor est en outre touchée par l’exode rural et Oumar Ly traverse alors des années difficiles.
Heureusement, Oumar Ly voit son talent reconnu en mai 2009 lors d’une première exposition organisée à Dakar. Porté par ce premier succès, il expose peu après à Bamako, Lyon, à la Biennale de Brighton (Royaume-Uni) en octobre 2010. Et on note aussi sa contribution au Festival Mondial des Arts Nègres (FESMAN) en Décembre 2010.